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-"Je vois tout, je sens tout, mille détails entrent en moi comme de longues échardes et m'écorchent vive. Mille détails que d'autres ne remarquent pas parce qu'ils ont des peaux de crocodiles." Les Yeux Jaunes Des Crocodiles, Khaterine Pancol.

mercredi 1 septembre 2010

Lettre à Sakineh



Sakineh Mohammadi Ashtiani est une femme iranienne azérie, emprisonné depuis 2006, condamnée à mort par lapidation pour adultère, et qui doit être mise à mort par lapidation selon Amnesty International et Human Rights Watch.
Sakineh Mohammadi Ashtiani est d'abord condamnée à 99 coups de fouet pour adultère hors-mariage en 2006. La peine est exécutée puis elle est ensuite accusée de complicité du meurtre de son mari, mais les charges sont abandonnées. Puis une nouvelle enquête sur l'adultère est ouverte et les juges la condamne ensuite sur leur intime conviction pour « adultère pendant le mariage » à la mort par lapidation.*

Ma chère Sakineh,

Je t’écris ce soir, oui je t’écris, non pas pour plaindre tes cris et tes longs sanglots, mais pour tenter de te connaître. Voilée pour ne pas être vue, cernée par des jardins clôt au silence assourdissant, j’envie ceux qui t’ont connu ! Je suis la à essayer d’imaginer les traits de ton visage de femme, de mère, de sœur, de fille, d’iranienne, de terrienne. J’imagine ton dos lacéré par les 99 coups de fouet, coups de haine, coups sauvages, coups cannibales, coups inhumains. J’entrevois aussi le labyrinthe dans lequel tes idées chevauchent, heurtant les murs de ta cellule afin de fusionner en toi. Sakineh ! Ces idées que l’on partage toutes sont la clé à ta liberté ! Nous autres avons tendance à négliger la superpuissance de « l’idée », nous ne réalisons pas qu’elle constitue les fondements de nous êtres, de ce semblant de monde auquel on est agglutiné, une fois possédée elle devient une partie de nous et finit par nous définir ! Allo le monde ! Allo l’Iran ! Salut le XXIème siècle ! Casse-toi Moyen Age ! Sakineh on t’accuse de quoi ? « D’adultère » ? En d’autres termes, on t’accuse d’avoir aimé ? D’avoir choisi librement d’avoir une relation sexuelle avec cet être que tu apprécies, et donc d’avoir été maitresse de ton propre corps ? Tu es également inculpée de complicité de meurtre (sans preuves tangibles, naturellement.) ? C’est si simple, si lâche, si petit d’accuser une personne opprimée, muette, incapable de réagir, de se défendre, d’affirmer ses droits ! Sakineh, ils ont peut-être ta liberté, ils ont peut-être la satisfaction d’avoir sous leurs yeux ton cœur qui boite, tes larmes, tes plaies qui suintent, mais ils n’auront jamais ta liberté de penser. Notre liberté de penser. Ils ne pourront jamais taire nos idées, ils ne pourront jamais les capturer, même pas avec leur foutu de nucléaire et les « gadgets haute technologie» qu’ils offrent a tord et a travers par exemple a certains partis politiques de la région. Ils ne t’auront jamais. Les Sakineh, les guerrières, s’affirment tout doucement en nous, se munissent d’armes un peu plus chaque jour, sont a ta rescousse. Patience, Sakineh, patience, le jour viendra, on les aura. On fera face à leurs petits cailloux, à leur lâcheté, on leur apprendra l’humanité, on leur montrera l’amour, on vaincra leurs idées avec les nôtres, les idées positives prennent toujours le dessus des idées négatives. Fais-moi confiance Sakineh, je pense a toi, je prie pour toi, j’espère avec toi, avec tes enfants et les gens qui t’aiment que tu seras libre bientôt.

Gros bisous,

De la part d’une femme en voie de développement.

*(http://fr.wikipedia.org/wiki/Sakineh_Mohammadi_Ashtiani)

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