mardi 15 décembre 2009

Cendrier


Son fond de porcelaine était orné de fines traces de pinceau qui parsemaient son visage, sa gorge, de pépites d’or. Sur ses épaules se dressaient des tiges éclairées qui soupiraient des nuages, et qui finissaient par s’incliner en guise de révérence, avant de s’étendre, de s’éteindre à jamais, au creux des traits de son visage, de sa gorge, désormais ornés de pluies de cendres. Un sourire s’esquissa sur le visage d’un curieux spectateur, fasciné par le manège de ses « Gauloises » dans ce cendrier. Toutes ces cigarettes étaient consumées, déshabillées, disparues dans des flots de fumée, sauf une. Il la caressa de ses yeux verts pailletés d’or, des fils d’illuminations infinies lui cernaient désormais le regard. Ces fils, il ne les avait vu qu’une seule fois auparavant au cœur de yeux, de yeux qu’il trouvait magiques dans lesquels il se perdait, et devenait prisonnier d’un monde enchanté. Une larme traversa sa joue marquée par l’empreinte du temps, avant de se perdre au creux des plis d’un mouchoir blanc. Il se leva et se dirigea vers son jardin où trônait un peuplier dont les feuilles crissaient, balancées par les valses du vent. Les yeux rivés vers l’horizon, il la revoyait, revoyait la flamme de ses yeux couler, avant de disparaître refoulée dans de l’encre salée. Quand soudain, un tonnerre perça son monde, tout s’était dissipé, c'était une illusion qui était repartie aussi vite qu'elle était venue. “McLean! Police, halte ou je fais feu! Gardez vos mains en évidence et retournez-vous lentement.” Lui ordonna un officier de police. Sans un mot, McLean transperça sa tempe gauche d’un, coup de revolver, parce que oui, il le savait, c’était un fou, c’était un fou, un fou d’amour, il l’aimait tant que pour la garder il l’avait tué, pour immortaliser leur amour, pour qu’il vive toujours. Il allait s’endormir enfin près d’elle, ivre d’amour.



SN

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