mardi 15 décembre 2009

Paris


Paris, royaume des morts, cité des anges.

Le soleil venait de se lever, j’étais toujours assis sur ce banc devant un café trottoir, noyé dans le temps qui s’écoule au ralenti et qui fait galoper ma pensée follement, à fumer mon cigare et à lire mon roman préféré, lorsqu’un vieil homme assis dans ce café m’attira l’attention. Il fumait une danseuse, je veux dire une gitane, dont les cendres tombaient à l’intérieur d’un élégant cendrier en cuir, avec poignée, repose cigarettes et bouton vidoir. Cette structure métallique, cylindrique issue de ce monde satellisé, mondialisé, internetisé, recueillait cette poussière noire avec grâce et l’effaçait doucement au cœur de son fond d’acier. Les épines d’un cactus poivre sel périssaient sur son crane, signe de sagesse, ou peut-être de tristesse. Sous ses lunettes brouillées par des filets de flammes azimuts, se devinait un regard glauque, broyé par des yeux qui regardaient la fumée de ses cigarettes grimper dans l’air, s’enrouler en forme d’escalier en colimaçon. Ses joues vêtues d’une barbe de trois jours, encerclaient ses lèvres gercées qui effleuraient la poussière. Ses doigts, étaient cernés par des plaies qui me semblaient immortelles. La tête baissée, la face grisée, il songeait peut-être a cette vieille dame en noir assise à ses cotés, ou peut-être même aux enfants de ses petits-enfants qu’il aurait délaissé. On aurait dit un vieux cerf abattu, un loup solitaire, un chacal perdu dans le désert…

Ce n’est pas moi, ce n’est peut-être pas toi, c’est le marchand de sable, le vendeur de merveilles, pillé, recroquevillé dans son triste empire, loin des montagnes d’or et des paupières, de mes paupières qu’il parsemait de poussière pour m’enfouir dans le sommeil.



SN

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