mardi 15 décembre 2009

Monsieur le ministre de la justice libanaise


Monsieur le ministre de la justice libanaise,

Le fait remonte à la soirée du jeudi dernier, lorsque deux homosexuels, aussi imprudents qu’inconscients, se livraient à des ébats amoureux, dans l’entrée d’un immeuble inhabité, place Sassine, à Achrafieh, se croyant à l’abri des regards.

Découvrant les deux hommes en pleine action, les soldats de l’armée libanaise postés dans le quartier les soumettent à un véritable tabassage, en pleine rue. Tout le quartier est dans la rue. Toute la clientèle des cafés du coin assiste à la scène. Les deux hommes sont ensanglantés.

Détenus toute la nuit par la troupe, les deux victimes ont été transférées à la caserne Hobeiche, sur ordre du procureur général. Une caserne connue pour ne pas être particulièrement tendre envers les détenus.

Je vous écris, monsieur le ministre, pour vous témoigner mon mépris et mon indignation à l’égard des pratiques barbares des autorités libanaises auprès des homosexuels. Regardez autour de vous monsieur le ministre, à l’heure où le mariage homosexuel est autorisé dans de nombreux pays, le Liban, lui, accumule les réactions inadmissibles face à la simple idée que deux êtres de même sexe puissent s’aimer. Il est grand temps d’agir ! Il est grand temps d’abolir cette loi si ridicule et totalement d’une autre ère qui condamne et punit encore l’homosexualité au Liban. Il est grand temps de regarder les choses en face : un homosexuel n’est pas un criminel, il n’a ni tué, ni volé, ni violé le droit d’autrui, il a tout simplement aimé. Pourquoi alors le condamner ? Pourquoi le battre alors et le traiter de la sorte ? Pourquoi l’humilier devant tout un quartier ? Combien d’hommes, combien de femmes doivent encore être humiliés, doivent être encore maltraités pour pousser la justice libanaise à agir ?

Je profite de l’occasion pour vous remercier de tous les progrès qui ont été faits à l’égard du sort des prisonniers libanais détenus en Syrie. Je vous fais confiance, monsieur le ministre, pour abolir ces lois si indignes de notre nation. La justice libanaise a tant accompli ces dernières années, et j’espère qu’elle s’intéressera davantage au cas des homosexuels libanais.

En espérant que cette lettre trouve, auprès de vous, toute l’attention qu’elle mérite, veuillez agréer, monsieur le ministre, l’expression de ma haute considération.



SN

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