mardi 15 décembre 2009

OSER.


Le soleil de ses foudres rouge orangé m’électrisait, faisait galoper follement mes pensées les plus obscures sur le dos de destriers glacés par des mistrals grisants. Je me rappelais de lui, ce premier déchirant, ce premier absent, ce premier cassant, ce premier qui me propulsa au bord, au bord des falaises de mon âme. Mes paupières frétillaient enfin, et libéraient des larmes timides qui s’écoulaient au creux de mes mains, qui gisaient entre mes doigts. J’élevais mes mains vers le ciel, je remettais ma douleur aux nuages, aux anges, aux étoiles. Quand soudain, les larmes étendues dans mes mains devinrent flammes. Je devins brasier, mon corps s’échauffa, mes dents se serraient, ma gorge se relâcha, mes cheveux crépitaient et de longues flammes ardentes dansaient tout le long de mon corps. Mes ailes fondaient aussi, mes plumes s’égaraient dans le sable de cette plage dorée. Une douleur aigue germa soudain de l’intérieur de ma poitrine qui s’ouvrit et qui dégagea une flèche qui fut propulsée vers l’infini. Une force inouïe grillait dans mes entrailles, je me sentais enivrée par une bouffée d’étincelles. Je me levais soudain, le corps en feu, les yeux en braise, et sautais dans l’onde salée qui m’étreignit, qui me soigna, qui me cicatrisa, qui m’embrassa. Du fond de cette eau, le chant gracieux de sirènes m’effleura les oreilles, elles me disaient d’oser, de tenter, d’hasarder de nouveaux horizons. Elles chantaient en cœur, et répétaient en boucle un refrain envoutant. Je me sentais bien. Oui, je me sentais bien. Quand soudain, un son intrus, interrompit mon voyage. C’était mon portable, engourdi dans le sable de cette plage de Jiyyeh. Répondre, ne pas répondre. Me lancer, ne pas me lancer. Tenter ou ne pas tenter. Avancer ou stagner. Crier ou me taire. Oser ou regretter. Oser vivre.



SN

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